J'aime bien le finnois. Si si, après des mois d'apprentissage et d'énormes frustrations quotidiennes, j'aime toujours bien le finnois. C'est, entre autres, parce que je n'arrête pas de lui trouver des côtés comiques. L'autre jour je me suis acharnée sur la prononciation de "miehiä", par exemple. Essayez: mi-é-h (bien aspiré)-i-è (en tirant la langue). On garde la bouche ouverte tout le long, on a l'impression de cracher un "yéyé" plein de dégoût, c'est mignon comme tout. Et pour ceux que ça intéresse, c'est une des formes de "mies" au pluriel, qui veut dire "homme".
Le truc qui me fait beaucoup rire, aussi, c'est d'entendre mon propre nom tourner finnois. Parce que le finnois, ce qui fait sa beauté et son piquant, c'est sa grammaire pour génies et les 15 cas qu'elle contient. Ce qui fait trente formes différentes par mot, si tu comptes le singulier et le pluriel. Dont 12 cas (24 formes pour ceux qui ne suivent pas) sont utilisés régulièrement dans la conversation, on n'y coupe pas. Et pas moyen de passer à côté: ce sont des formes qui remplacent nos petits mots à nous, nos "à", "de", "en", etc. Parce que si on dit "je suis le magasin", ça n'a pas beaucoup de sens, il faut dire "je suis au magasin"; de même, "je viens magasin" est difficile à comprendre, est-ce qu'on vient "du" ou "au" magasin ? Ben les Finlandais, leurs petits mots, ils les collent à la fin des grands mots: kauppa (magasin) devient kauppaan (vers le magasin), kaupassa (au magasin), kaupasta (du magasin).
Bref, tout ça pour dire que tous les mots, à quelques minuscules exceptions près, se déclinent en suivant des règles tordues qu'il te faut des années de pratique intense pour assimiler. Y-compris les noms de personnes. C'est pas trop un problème avec leurs noms à eux - ils sont faits pour. Mais les nôtres...
Moi j'arrive avec mon gentil prénom: Nathalie. Déjà on me regarde de travers parce qu'il fait plus de deux syllabes, un fait rarissime par ici. Ensuite, on me le prononce à la finnoise, en égrénant chaque lettre: na-t-h (bien aspiré)-a-li-é. Pendant un moment j'ai cru qu'on parlait de quelqu'un d'autre. Quand j'ai saisi l'astuce, je me suis rebellée et j'ai passé beaucoup de temps à tenter d'expliquer les règles de prononciation du français dans ce cas précis: laissez tomber le "h" et le "e", par pitié ! Ca, j'y suis assez bien arrivée. Par contre, quand j'ai tenté de passer à la deuxième étape: allonger le "i" à la fin du mot (c'est à ça qu'il sert, ce pauvre e muet, non ?), là ça a coincé. Du coup on m'appelle systématiquement "Natali". Et j'ai dû me contenter de ça, mais ça va, je peux vivre avec.
Le comique dans l'histoire, c'est le retour en force du e, pourtant devenu totalement et irrémédiablement cousu de la bouche, au travers des déclinaisons. Moi je le croyais oublié, perdu en cours de route de traduction, mais mes nouveaux compatriotes, ils savent bien qu'il est là, alors ils l'utilisent. C'est ainsi que "je vais chez Nathalie" devient "menen Natalielle" (mé-né-ne natali-é-llé). Ils auraient pu laisser le i tout seul: menen Natalille, mais non non non ! Le e est là.
Je n'ai pas encore vu mon nom décliné à l'écrit (la version ci-dessus est la claviérisation de ce que j'ai déjà entendu), du coup je ne sais pas si le "h" ressusciterait lui aussi, mais déjà à l'oral, c'est une sensation assez bizarre d'entendre son propre nom tordu dans tous les sens. Quelques exemples auxquels je pense là-maintenant:
Avouez qu'il y a de quoi devenir multi-schizophrène, non ?
Le truc qui me fait beaucoup rire, aussi, c'est d'entendre mon propre nom tourner finnois. Parce que le finnois, ce qui fait sa beauté et son piquant, c'est sa grammaire pour génies et les 15 cas qu'elle contient. Ce qui fait trente formes différentes par mot, si tu comptes le singulier et le pluriel. Dont 12 cas (24 formes pour ceux qui ne suivent pas) sont utilisés régulièrement dans la conversation, on n'y coupe pas. Et pas moyen de passer à côté: ce sont des formes qui remplacent nos petits mots à nous, nos "à", "de", "en", etc. Parce que si on dit "je suis le magasin", ça n'a pas beaucoup de sens, il faut dire "je suis au magasin"; de même, "je viens magasin" est difficile à comprendre, est-ce qu'on vient "du" ou "au" magasin ? Ben les Finlandais, leurs petits mots, ils les collent à la fin des grands mots: kauppa (magasin) devient kauppaan (vers le magasin), kaupassa (au magasin), kaupasta (du magasin).
Bref, tout ça pour dire que tous les mots, à quelques minuscules exceptions près, se déclinent en suivant des règles tordues qu'il te faut des années de pratique intense pour assimiler. Y-compris les noms de personnes. C'est pas trop un problème avec leurs noms à eux - ils sont faits pour. Mais les nôtres...
Moi j'arrive avec mon gentil prénom: Nathalie. Déjà on me regarde de travers parce qu'il fait plus de deux syllabes, un fait rarissime par ici. Ensuite, on me le prononce à la finnoise, en égrénant chaque lettre: na-t-h (bien aspiré)-a-li-é. Pendant un moment j'ai cru qu'on parlait de quelqu'un d'autre. Quand j'ai saisi l'astuce, je me suis rebellée et j'ai passé beaucoup de temps à tenter d'expliquer les règles de prononciation du français dans ce cas précis: laissez tomber le "h" et le "e", par pitié ! Ca, j'y suis assez bien arrivée. Par contre, quand j'ai tenté de passer à la deuxième étape: allonger le "i" à la fin du mot (c'est à ça qu'il sert, ce pauvre e muet, non ?), là ça a coincé. Du coup on m'appelle systématiquement "Natali". Et j'ai dû me contenter de ça, mais ça va, je peux vivre avec.
Le comique dans l'histoire, c'est le retour en force du e, pourtant devenu totalement et irrémédiablement cousu de la bouche, au travers des déclinaisons. Moi je le croyais oublié, perdu en cours de route de traduction, mais mes nouveaux compatriotes, ils savent bien qu'il est là, alors ils l'utilisent. C'est ainsi que "je vais chez Nathalie" devient "menen Natalielle" (mé-né-ne natali-é-llé). Ils auraient pu laisser le i tout seul: menen Natalille, mais non non non ! Le e est là.
Je n'ai pas encore vu mon nom décliné à l'écrit (la version ci-dessus est la claviérisation de ce que j'ai déjà entendu), du coup je ne sais pas si le "h" ressusciterait lui aussi, mais déjà à l'oral, c'est une sensation assez bizarre d'entendre son propre nom tordu dans tous les sens. Quelques exemples auxquels je pense là-maintenant:
- Je viens de chez Nathalie: Tulen Natalielta (tou-laine natali-é-lta).
- Je suis chez Nathalie: Olen Nataliella (o-laine natali-él-la)
- Je parle de Nathalie: Puhun Nataliesta (pou-h bien aspiré-oune natalié-sta)
- De l'avis de Nathalie: Natalien mielestä (natali-énne miélés-t-è en tirant la langue)
- Ma Nathalie: Natalieni (natalié-ni)
- et mon préféré, j'aime Nathalie: rakastan Natalietta (r roulé-acastanne nataliette-ta).
- Je suis chez Nathalie: Olen Nataliella (o-laine natali-él-la)
- Je parle de Nathalie: Puhun Nataliesta (pou-h bien aspiré-oune natalié-sta)
- De l'avis de Nathalie: Natalien mielestä (natali-énne miélés-t-è en tirant la langue)
- Ma Nathalie: Natalieni (natalié-ni)
- et mon préféré, j'aime Nathalie: rakastan Natalietta (r roulé-acastanne nataliette-ta).
Avouez qu'il y a de quoi devenir multi-schizophrène, non ?
Ah ah! C'est tellement vrai et tellement marrant de voir comme ils sont bloqués par leur alphabet et prononciation non-hermétiques!
ReplyDeletePour eux, je suis Yoak'him ou Yoakkim... le Yoakim commence à venir :) encore un effort et le Y (j pour eux) deviendra un J (ž pour eux)!!
to quote asterix, ils sont fous, les finnois! :|
ReplyDeletehow is is possible, sounds like latin to me! bless the chinese language, which has no complicated grammar whatsoever, no plurals, no gender, no past tenses... :)
@Jockbatt: bon courage, tu n'es pas au bout de tes peines... ;)
ReplyDelete@ Ana: I think the level of difficulty has been considered as equivalent for both languages. At least, Finnish is written very easily, with our western alphabet and usually spelt exactly the way it sounds. No genders, either, quite a relief. But that doesn't prevent Finns from being crazy :D
Oui au travail les parents des gamins sont toujours en train de leurs rappeler a la fin de la journée qu'il faut dire au-revoir a "Charles-ille". Excellent!
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