Plan d'action: où en est-on ?

Mi-octobre, c'est à dire il y a un peu plus de deux mois, je me plaignais de la difficulté à m'intégrer ici, et je mettais sur pieds un plan d'action qui m'a valu de gentils messages de soutien. A cette veille de Noël, il est bon de faire le point: où en est-on ?

Mon premier objectif était la révision de mes objectifs sociaux. La solitude me minait, j'avais décidé d'y remédier.

Sur ce point-là: objectif atteint ! Je me suis en effet incrustée dans le groupe de Français en Finlande, qui m'ont accueillie à bras ouverts. On s'est organisé un "petit noël" très sympa, des sorties piscine, patinage, karting, jeux de société, resto ou boîte, j'ai appris à jouer au tarot auprès d'eux, je me suis beaucoup amusée et surtout j'ai repris confiance en moi. Comme je l'avais écrit, faire tapisserie, ça ne me va pas, j'ai l'impression de ne plus avoir de personnalité. Là au moins j'ai l'occasion de parler, d'échanger et de faire rire, le tout sur la base d'une culture plus ou moins commune. Et maintenant j'ai beaucoup moins peur de faire face à une assemblée de Finlandais: j'ai repris confiance en mes capacités d'intégration et puis même si ça ne se passe pas super bien, ce ne sera jamais plus qu'une soirée ratée au milieu d'une dizaine d'autres réussies.

En plus de ça, dans la relations sociales, il semble que tout fasse boule de neige: maintenant que je me sens moins seule, les offres se bousculent au portillon ! Une ancienne condisciple de Groningen qui habite à Helsinki souhaite me revoir, une autre à Stockholm m'a invitée à son mariage, des amis blogueurs proposent une rencontre pour janvier... Enfin un peu de vie dans la mienne !

Le deuxième objectif était le retour au bercail: j'avais peur que la distance me coupe définitivement de ma famille ou de mes anciens amis.

Eh bien non ! Je me suis rendue compte que les liens avec la Belgique sont loin de se détendre ! La dernière fois que j'y étais, j'ai passé d'excellents moments avec des gens extraordinaires, et qui ne m'oublient pas du tout ! Et puis dès que j'annonce y retourner, je reçois immédiatement plusieurs invitations. C'est vrai que je ne suis pas là souvent, mais en fin de compte, tout le monde est occupé par ses propres soucis la plupart du temps... Je n'ai pas l'impression de perdre trop, et c'est ce qui compte ! Mais je pourrais encore faire mieux: j'hésite encore trop à utiliser le téléphone (faut dire que c'est pas trop mon truc). Voilà une bonne résolution pour 2009.

L'objectif n°3 était de prendre quelques initiatives pour me sentir un peu plus chez moi.

Bon, là, je dois avouer que je n'ai pas fait grand-chose. En même temps, j'en ressens moins le besoin, maintenant que je passe la plus grande partie de mon temps dehors. Je m'étais promise de me remettre à postcrosser, ce que je n'ai pas fait, mais j'ai envoyé pas mal de cartes de Noël. Je n'ai pas non plus mises en oeuvre mes idées pour embellir un petit peu l'appartement. Peut mieux faire ici aussi. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est de me sentir plus à l'aise non pas dans la maison, mais dans la ville: maintenant je me débrouille un peu mieux point de vue géographique, j'ose prendre la voiture seule, j'explore de nouveaux coins, je sais où me garer et je commence à avoir un plan de la ville dans la tête. Plus tout à fait une touriste, donc, c'est déjà quelque chose.

Enfin, le dernier objectif était de prendre ma place dans la société: trouver du boulot et apprendre le finnois.

Dans les deux domaines, je peux dire que je suis encore loin d'atteindre mes objectifs, mais que je suis sur la bonne voie. En ce qui concerne le boulot, j'ai une liste de sites avec des offres d'emploi que je consulte chaque jour, je me suis inscrite dans plusieurs agences de recrutement, bref, je cherche activement. Le plus dur est de garder espoir: c'est parfois très frustrant de se dire qu'en Belgique je pourrais trouver du boulot très rapidement alors qu'ici, c'est à peine si une ou deux offres me correspondent bien par an, et même là le finnois est toujours un handicap marqué: pour la dernière, je n'ai même pas obtenu d'interview... Mais je ne baisse pas les bras et en attendant, je m'accroche à cette thèse à laquelle je m'attèle avec un renouveau de courage (bien que ça me paraisse de moins en moins ce que je souhaite).

En ce qui concerne le finnois, j'ai repris les cours au début, suite à un cafouillage au démarrage précédent. Je suis tombée sur une prof enthousiasmante, j'ai maintenant bien intégré les bases, et j'ai obtenu un 84/85 à l'examen, ce qui est bon signe. En plus de ça, j'ai rencontré au cours un garçon canadien avec qui je m'entends vraiment bien et qui partage ma volonté de vraiment parler cette langue un jour (contrairement à beaucoup d'étudiants de ces cours qui ne sont là que pour un an). On s'émule l'un l'autre, et j'espère qu'on se retrouvera dans le cours du semestre prochain. D'autre part, à force de l'entendre, je commence à intégrer un peu la langue sans vraiment y travailler: je comprends maintenant les panneaux, les menus des restaurants, les annonces dans le train, je peux avoir de toutes petites conversations avec les vendeuses des magasins, je devine de quoi parlent les articles de journaux, et j'arrive souvent à saisir le sens général d'une conversation. Bref, je m'imprègne. Ce n'est qu'un petit début, mais c'est déjà un grand réconfort de ne plus être tout à fait une extraterrestre.

Voilà pour le bilan des deux mois. Ce que je trouve le plus positif dans tout ça, c'est que malgré les déceptions, malgré la nuit qui tombe à 15h, malgré le froid, je me sens bien, volontaire, beaucoup mieux que l'année passée à la même date. J'ai perdu plusieurs mois, le démarrage a été dur, mais là, je crois que je suis sur les rails. Je vous tiens au courant...