Il y a huit jours, la princesse Victoria de Suède, héritière du trône, épousait son fiancé de longue date Daniel Westling. Je me suis retrouvée à regarder en direct la cérémonie retransmise à la télévision depuis le mökki des parents Ours. Pas que ça m'intéresse particulièrement, mais la Maman Ours m'ayant appelée plusieurs fois de suite, j'en ai conclu qu'elle y tenait, et puis les hommes n'avaient pas de travail pour moi à ce moment-là.
Pendant la retransmission, la maman Ours a fait de gros efforts de simplification linguistique pour m'expliquer toutes les petites histoires de la famille royale suédoise. Elle ne savait pas exactement quelle religion ces gens pratiquaient (un élément qui me paraît essentiel quand on célèbre un mariage) mais elle pouvait me dire depuis combien de temps la princesse était fiancée, m'a appris qu'elle avait été anorexique dans sa jeunesse et qu'on craignait à l'époque qu'elle ne pourrait pas avoir d'enfants, m'a expliqué l'origine et le métier de son futur mari, et a pu me présenter la plupart des têtes couronnées scandinaves sur l'écran. Au moment du "ja", elle était presque en larmes. Le soir, les mâles de la famille ont regardé eux aussi les moments clés de la célébration présentés au journal parlé, et le lendemain la maman Ours était de nouveau devant l'écran pour la rediffusion complète.
Sur le moment j'ai mis ça sur le compte d'un romantisme réprimé - avec l'époux et les enfants qu'elle a, ça doit pas être roses et câlins tous les jours. Mais au retour à Helsinki, je me suis rendue compte que tous les journaux parlaient de ça en première page, et qu'un million de Finlandais - sur cinq millions au total - avaient suivi le mariage à la télé. Les journaux parlés présentaient des reportages sur des familles finlandaises qui avaient ouvert le champagne pour célébrer l'occasion - et le champagne, ici, c'est pas donné. Bref, l'engouement national.
Ca me fait un peu rire quand même. J'imaginais que se choisir une présidente élue au lieu d'une famille royale qui se transmet la couronne était une fierté, la preuve d'une certaine modernité. Mais en réalité, on dirait bien que la féérie qui tient aux titres de princes et princesses royaux reste bien ancrée dans les esprits. Au moment où le prince héritier belge, Philippe, s'était fiancé avec la princesse Mathilde, ils avaient fait leurs "joyeuses entrées", une visite dans chacune des villes du pays. Lorsqu'ils étaient passés à Namur où j'étudiais, l'université nous avait donné un demi-jour de congé pour aller leur rendre leur bonjour. A côté de moi dans la foule, une petite fille était sur les épaules de son papa ; quand le couple princier s'était retiré, elle s'était retourné vers son papa avec les yeux pleins de larme et un sourire jusqu'aux oreilles pour lui dire, la voix tremblante : "Ca y est ! J'ai vu Mathilde !"...
Alors moi je dis : quite à avoir une présidente cantonnée à un rôle représentatif, autant la remplacer par une gentille famille royale qui présente bien. Je suis persuadée que le prix pour la communauté d'un mariage princier tous les vingt ans n'est pas supérieur à l'organisation d'élections tous les cinq ans. Et puis on n'aurait qu'à les loger dans le palais présidentiel et les payer le même salaire qu'à la présidente, voilà tout. Bien sûr, le pays ne pourrait plus se vanter d'être le seul d'Europe à avoir à la fois une Présidente et une Première Ministre, ce qui est le cas depuis une semaine et pour la deuxième fois dans l'histoire du pays. Mais l'avantage c'est que le peuple aurait enfin la dose de romanesque dont il a apparemment besoin, sans avoir à lorgner chez les voisins...
Pendant la retransmission, la maman Ours a fait de gros efforts de simplification linguistique pour m'expliquer toutes les petites histoires de la famille royale suédoise. Elle ne savait pas exactement quelle religion ces gens pratiquaient (un élément qui me paraît essentiel quand on célèbre un mariage) mais elle pouvait me dire depuis combien de temps la princesse était fiancée, m'a appris qu'elle avait été anorexique dans sa jeunesse et qu'on craignait à l'époque qu'elle ne pourrait pas avoir d'enfants, m'a expliqué l'origine et le métier de son futur mari, et a pu me présenter la plupart des têtes couronnées scandinaves sur l'écran. Au moment du "ja", elle était presque en larmes. Le soir, les mâles de la famille ont regardé eux aussi les moments clés de la célébration présentés au journal parlé, et le lendemain la maman Ours était de nouveau devant l'écran pour la rediffusion complète.
Sur le moment j'ai mis ça sur le compte d'un romantisme réprimé - avec l'époux et les enfants qu'elle a, ça doit pas être roses et câlins tous les jours. Mais au retour à Helsinki, je me suis rendue compte que tous les journaux parlaient de ça en première page, et qu'un million de Finlandais - sur cinq millions au total - avaient suivi le mariage à la télé. Les journaux parlés présentaient des reportages sur des familles finlandaises qui avaient ouvert le champagne pour célébrer l'occasion - et le champagne, ici, c'est pas donné. Bref, l'engouement national.
Ca me fait un peu rire quand même. J'imaginais que se choisir une présidente élue au lieu d'une famille royale qui se transmet la couronne était une fierté, la preuve d'une certaine modernité. Mais en réalité, on dirait bien que la féérie qui tient aux titres de princes et princesses royaux reste bien ancrée dans les esprits. Au moment où le prince héritier belge, Philippe, s'était fiancé avec la princesse Mathilde, ils avaient fait leurs "joyeuses entrées", une visite dans chacune des villes du pays. Lorsqu'ils étaient passés à Namur où j'étudiais, l'université nous avait donné un demi-jour de congé pour aller leur rendre leur bonjour. A côté de moi dans la foule, une petite fille était sur les épaules de son papa ; quand le couple princier s'était retiré, elle s'était retourné vers son papa avec les yeux pleins de larme et un sourire jusqu'aux oreilles pour lui dire, la voix tremblante : "Ca y est ! J'ai vu Mathilde !"...
Alors moi je dis : quite à avoir une présidente cantonnée à un rôle représentatif, autant la remplacer par une gentille famille royale qui présente bien. Je suis persuadée que le prix pour la communauté d'un mariage princier tous les vingt ans n'est pas supérieur à l'organisation d'élections tous les cinq ans. Et puis on n'aurait qu'à les loger dans le palais présidentiel et les payer le même salaire qu'à la présidente, voilà tout. Bien sûr, le pays ne pourrait plus se vanter d'être le seul d'Europe à avoir à la fois une Présidente et une Première Ministre, ce qui est le cas depuis une semaine et pour la deuxième fois dans l'histoire du pays. Mais l'avantage c'est que le peuple aurait enfin la dose de romanesque dont il a apparemment besoin, sans avoir à lorgner chez les voisins...
Eight days ago, Princess Victoria, future Queen of Sweden, married her fiancé Daniel Westling. I ended up watching the wedding live on tv from the Bear Family's mökki. I wasn't really interested in it, but Mummy Bear was so keen for me to watch it with her that I couldn't possibly say no (plus, I had nothing to work on at that moment).
During the "show", Mummy Bear made big efforts to speak as simple a Finnish as possible and explained in length all the gossips she knew about the Swedish royal family. She couldn't tell me what religion was theirs (an interesting detail when you're watching a wedding) but she could tell how long the princess had been engaged, explained that she had been anorexic as a teenager and it was feared at the time that she couldn't ever give birth, told me everything about her new husband and his family, and could name all the crowned heads on the screen. When came the moment of the "ja", she was almost crying. In the evening, the males of the Bear Family watched the best parts of the wedding that were displayed during the tv news and the next day, Mummy Bear was watching it all again.
I then blamed a lack of romantic moments in her real life to explain this deep interest in this deep interest for a wedding that didn't concern her in any way - I mean, considering her husband and children, she probably doesn't get much roses or hugs. But when I came back to Helsinki the next day I realised she wasn't the only one, by far : all newspapers displayed pictures and accounts of the wedding, and about 1 million Finnish viewers (out of 5 million citizens) followed it live on TV. The news showed Finnish families who watched it all together and drank champagne - and champagne is expensive around here. A real madness.
Now that makes me smile. I thought that electing a president instead of having a King who become so by cheer luck was something people would be proud of, a sign of modernity and democracy. But it seems that the fantasies connected to the titles of Prince and Princess, Queen and King are still deep rooted in people's minds. When the Belgian eldest prince got engaged with Princess Mathilde, he went to every city to meet the people, a custom from the Middle-Ages. At the time the University gave us students half a day free to go and greet them. I was standing in the crowd next to a little girl, about five or six years old, sitting on her father's shoulders. When the princes left, the girl looked at her father, tears in her eyes and a super-broad smile on her lips, and said with a broken voice: "That's it ! I saw Mathilde !"
So I say: make Finnish people happy and give them a royal family. The President does not have any other powers than representing the country anyway, something a King does very well too. I'm quite sure it wouldn't be much more expensive to pay for a wonderful wedding every twenty year than to organize elections every five years. You would only let them stay in the Presidential Palace and pay them the President's salary, and that's it. Of course Finns couldn't boast about being the only European country with both a female President and a female Prime Minister, which has been the case for a week and for the second time. But on the other hand, they could get their share of romanticism without having to look at the neighbours...
On était nous aussi chez les beaux-parents et toute la famille (gds-parents, parents, petits-enfants) ont regardé l'interview et la cérémonie, je trouvais ca vraiment pitoyable mais j'ai regardé aussi car je voulais pas rester dans mon coin alors je faisais des critiques en francais que seule Mirka comprenait :) Les filles ont aussi pleuré lors de l'échange des voeux et des alliances... Je suis d'accord avec toi, le président finlandais pourrait tout aussi bien être une figure royale!
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