Tuesday 24 July 2012

Baisers volés / Awkward kissing

Je suis récemment tombée sur un article à propos de "la bise" comme rituel social et la difficulté qu'ont les Américains à s'y habituer alors qu'elle entre progressivement dans les mœurs branchés de l'autre côté de l'Atlantique. Ca ne m'étonne absolument pas, et je suis sûre que tous mes lecteurs francophones se sont déjà trouvés dans une situation un peu bizarre à cause de cette étrange coutume. Genre, quand vous arrivez à une terrasse de café où une quinzaine d'amis sont attablés et où vous vous vous retrouvez obligés à faire la bise à tout le monde ; quand vous rencontrez une personne d'une autre région qui, pas de bol, commence par la joue gauche alors que vous lancez votre joue droite en avant ; quand vous croisez votre patron qui fait la fête dans un bar (bisou ou pas bisou ?)... On a tous vécus ça. 

 Ceci dit, arriver dans un autre pays aux coutumes différentes ajoute une nouvelle dimension au problème. Je l'ai déjà compris avant de venir en Finlande, au moment de rencontrer mon Ours en Erasmus. La plupart des autres étudiants étrangers venaient du sud de l'Europe et nous partagions la coutume de la "bise" sans même s'en rendre compte. Lorsque s'est installée la proximité nécessaire que pour considérer cet Ours nordique comme un ami, je n'ai donc pas réfléchi avant de lui tendre la joue. Le pauvre est resté tout raide et déconvenu, j'ai persisté, et je pense n'avoir jamais fait rougir quelqu'un aussi vite. 

Depuis lors il a eu l'occasion de s'habituer et moi de comprendre que dans son pays, le plus souvent on ne se touche pas, parfois on se serre la main, et dans les moments privilégiés on se serre dans les bras, à l'Américaine. Ca va, je gère. Évidemment il y a toujours le problème de la communauté expatriée (je connais surtout des Français) avec qui se pose à nouveau la question de la bise. Mais généralement j'esquive sous le couvert de la coutume locale. J'en suis même venue à donner des cours de bise à mon ours pour qu'il fasse couleur locale pendant ses séjours en Belgique. Je n'aurais jamais cru devoir apprendre ça à quelqu'un, la vie des couples binationaux est pleine de surprises. 

Tout ça n'a pas entièrement résolu le problème, pourtant. Je me souviens comme si c'était hier de mon premier nouvel an en Finlande, parmi les amis de Mr Ours. A minuit, bouteille de mousseux à la main, nous sortons regarder les feux d'artifice. Une jeune femme que je connaissais assez bien, très gentille au demeurant, me demande alors la permission pour embrasser Mr Ours en lui souhaitant la nouvelle année. J'acquiesce en souriant intérieurement : "ils sont si pudiques ici qu'ils demandent la permission pour une bise !". Et là, elle lui jette les bras autour du cou et l'embrasse à pleine bouche. J'en suis restée comme deux ronds de flan. 

Depuis lors, la situation ne s'est plus présentée (peut-être parce que je n'ai plus passé de nouvel an en Finlande ?), et je m'entends toujours aussi bien avec la fille en question. Il n'empêche que ça reste le choc culturel le plus brutal que j'aie subi. La bise, quel casse-tête ! 



La carte du nombre de bises / A map showing the number of kisses in every region of France (did I mention it's complicated?)



I recently came across an article about social kissing and the difficulty for Americans to get used to this European custom gradually emerging on the other side of the Atlantic. By "social kissing" I mean this habit we have to "kiss" someone on the cheek as a greeting (a kind of kiss that does not even involve the lips nor any other part of the body but the cheeks). The ritual varies widely among regions or even people according to their age, gender, social status, your particular relationship with the person you're greeting and the circumstances of the meeting. It makes the whole thing pretty complicated, and I'm sure all my French-speaking readers have already been in a situation a little weird because of this strange custom. A few examples: when you get to a café where fifteen friends are seated and you find yourself compelled to kiss everyone; when you meet someone from another region, where the usage is to hit each other's left cheek, while you're used to pushing your right cheek forward; when you meet your boss while partying in a bar (kissing or not?)... We've all experienced that kind of awkward moments.

That said, arriving in another country with different customs adds a new dimension to the problem. I already understood this before coming to Finland, when I first met Mr Bear while we were both studying abroad. Most of the other foreign students came from Southern Europe and we shared the custom of social kissing without even realizing it. When we became close enough for me to consider that this Nordic Bear was becoming a friend, I did not think twice about throwing my cheek at him. The poor thing remained stiff and bemused, I persisted, and I think I never made anyone blush that hard.

Since then he had the opportunity to adjust and I came to understand that in his country, most often people do not touch, sometimes they shake hands, and in very friendly circumstances they hug the American way. So far so good. Of course there is always the problem of the expatriate community (I know many French people here) with whom the question of social kissing is an issue again. But I usually dodge it under the excuse of local customs. I even came to give lessons of social kissing to Mr Bear for him to blend in during our stays in Belgium. I never thought that I would teach that kind of thing to anyone, the lives binational couples are full of surprises.

But I have not entirely solved the problem yet. I remember very well my first New Year eve in Finland, when we spent our evening with friends of Mr Bear. At midnight, with a bottle of sparkling wine in hand, we went outside to watch the fireworks. A young woman I knew quite well, a very nice person, sought leave from me to embrace Mr Bear while wishing him a happy new year. I nodded, smiling inwardly: "people are so prudish here they ask permission for a kiss". And then she threw her arms around his neck and kissed him full on the lips. That is something that would just not be acceptable in my culture, where lips kissing is a very deep mark of love. Not even parents kiss their children on the lips.  I only expected some cheek-hitting and I was totally shocked.

Since then the situation has never presented itself again (maybe because I have not spent New Year in Finland again?), and I still like the girl who did that, never even discussed it with her. I know she didn't mean anything. Nevertheless, it remains the most brutal culture shock I've experienced.  What a puzzle this social kissing habit is!

6 comments:

  1. Sympa ton article ! Perso, je ne suis pas bise du tout et si je pouvais éviter d'en faire quand je rencontre du monde, ça m'irait très bien ! Le problème, c'est qu'en France ou parmi les français quand tu vis à l'étranger, on te prend pour une snob si tu n'es pas bise! :D En plus, je viens de Charente où on en fait 3, j'ai vécu en région parisienne où en fait 4 (pfff, là on n'en finit plus dans les soirées ! ^^) et j'ai ma base à Bordeaux où on en fait 2 ! Faudrait que j'imprime ta carte pour m'y retrouver mieux ! Sinon, ce qui m'énerve autant que les bises c'est les hugs américains ! :D

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    1. Heureusement en Belgique on n'en fait qu'un :D Je ne trouve pas ca particulièrement désagréable mais la complication est telle que finalement je m'en passe très bien !

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  2. Très bon article en effet ! J'ai beau avoir beaucoup déménagé en France, je me suis toujours retrouvé dans des régions à deux bises. Mais je dois avouer que c'était une curiosité pour mes amis en Erasmus. Nous, français, étions toujours interrogés par des européens du Nord ou d'un peu plus à l'Est curieux de ce petit rituel, de ce qu'on en pensait, et de combien il fallait en faire. Grâce à ta carte, je peux maintenant répondre précisément :D Je me reconnais tout à fait dans le côté bizarre de la bise en Finlande, que ça soit parce que j'ai reçu des amis français qui essayaient de faire la bise aux finlandais, ou parce que j'ai déjà reçu une amie en France et qu'elle a eu du mal avec ce petit rituel. De mon côté, je me suis très bien passé de cette formalité dès mon arrivée sur le sol finlandais pour mon échange. Pendant mon premier mois, nous n'étions que deux français sur 50 étudiants, la bise n'était donc de toute façon pas de mise.

    Par contre, j'aimerais bien voir ton avis sur les câlins finlandais du coup :)

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    1. Hum, qu'en dire... Au début ca surprend un peu, ca paraît trop affectueux. Ensuite on prend le truc, il faut arriver à ne pas se frotter l'un contre l'autre, ce n'est quand même pas un câlin. Mais je continue à trouver ca un peu bizarre quand j'y pense, comme si il manquait une étape entre la "froideur" de ceux qui se disent bonjour sans se toucher, et la proximité du "câlin". Mais heureusement qu'ils ont ca finalement, sinon ce serait vraiment trop peu chaleureux !

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  3. you know when you're going for a kiss and the other person just awkwardly steps back, dodging the kiss? it has happened so often to me, that these days, if the person isn't from southern europe, i just wave at them. :/

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    1. Oh I know that feeling soooooooo well :D

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