Sunday, 23 March 2014

Ukraine, Finlande, même combat ? / Ukraine, Finland, same problems?

Ce n'est pas facile d'avoir un voisin puissant quand on est un (relativement) petit pays coincé entre deux mastodontes politiques. Demandez à l'Ukraine, qui à force de vaciller entre la Russie et l'Europe vient de perdre un bon bout de territoire. Et ça, ça rappelle de mauvais souvenir à la Finlande. 

En novembre 1939, la Russie se dit que se serait bien d'avoir un peu plus de territoire autour de Leningrad (actuelle Saint Petersbourg), qui est située très près de la frontière, en cas d'attaque de l'Allemagne. Staline ne fait ni une ni deux et envahit la petite Finlande, persuadé que sa belle armée entrera comme dans du beurre dans ce petit territoire quasiment sans armée. Pas du tout : les paysans finlandais se battent comme des lions et profitent à la fois de l'hiver particulièrement rude et de leur connaissance du terrain pour défendre leur pays avec une efficacité surprenante. Après 104 jours d'enfer pour les deux parties, un traité est signé : la Finlande perd 10% de son territoire, 20% de son potentiel industriel et la deuxième ville du pays, mais garde sa souveraineté. 

Il n'empêche que pour les cinquante ans suivant, les Finlandais se retrouvent dans une position difficile : en pleine guerre froide, comment garder son indépendance tout en étant à la merci de l'armée puissante du voisin ? La seule chose à faire c'est de se faire tout petit et surtout, surtout ne pas fâcher les Russes, une politique qu'on appellera (péjorativement) la "finlandisation". Et ses effets se font encore sentir ; par exemple, la Finlande n'a jamais fait partie de l'OTAN, à l'origine parce que l'URSS le lui a interdit.

Alors évidemment, les événements récents en Ukraine rappellent de mauvais souvenirs par ici. Plusieurs représentants de l'armée se sont même exprimés publiquement pour rassurer leurs concitoyens : non, la Russie n'osera (plus) jamais attaquer la Finlande, nous ne sommes pas comme ces pays de l'est qui se sont déjà fait envahir.  Mais le débat est relancé : faut-il ou ne faut-il pas joindre l'OTAN ? Ou à défaut, faudrait-il se lancer dans une alliance militaire avec l'autre voisin, la Suède ? D'après les derniers sondages, les Finlandais n'ont pas vraiment peur d'être attaqués par la Russie. Il n'empêche, quand on se met à interpréter les discours de Poutine pour deviner s'il s'y glisse une menace voilée destinée à la Finlande, c'est qu'il y a quand même un peu de nervosité.

Et puis, à nouveau, la Finlande se retrouve prise entre deux feux : d'un côté, elle n'approuve évidemment pas l'intervention de la Russie en Crimée, mais de l'autre, les sanctions financières imposées à la Russie affectent aussi le pays. Exemple concret : deux oligarches directement visés par les sanctions américaines sont depuis peu propriétaires du premier club de hockey d'Helsinki et d'un de ses principaux stades, ce qui n'est pas rassurant pour l'avenir de ces "joyaux sportifs" nationaux...


It's not easy to have a powerful neighbor when you are a (relatively) small country wedged between two political giants. Ask the Ukraine, which after vacillating between Russia and Europe has lost a good bit of territory. And that brings back bad memories to Finland.

In November 1939, Russia thought that would be nice to have a little more territory around Leningrad (now Saint Petersburg), which is located frighteningly close to the border in case of attack by Germany. So Stalin didn't think about it too long and invaded Finland, convinced that his fine army would easily get the best of the small defenseless neighbour. He didn't expect Finnish farmers to fight like lions; with the benefit of both a particularly harsh winter and their knowledge of the field, they were able to defend their country with surprising efficiency. After 104 days of hell for both parties, a treaty was signed: Finland lost 10 % of its territory, 20% of its industrial potential and the country's second city, but retained its sovereignty.


Nevertheless, for the following fifty years, the Finns were in a difficult position: in the midst of the Cold War, how to keep its independence while being at the mercy of the neighbor's powerful army? The only thing to do is to remain as non-threatening as possible and never, never upset the Russians, a policy that would be be called (pejoratively) "Finlandization". And its effects are still being felt today; for example, Finland has never been part of NATO, primarily because the USSR would prohibit it.


So obviously, the recent events in Ukraine recall bad memories here. Several representatives of the military have even expressed themselves publicly to reassure their fellow citizens that Russia would never (again) dare attack Finland, that we are not like those eastern countries that have already been invaded. But the debate is reignited: should we or should we not join NATO ? Or failing that, should the country get into a military alliance with another neighbor, Sweden? According to the latest polls, Finns do not really fear being attacked by Russia. Nevertheless, when one begins to interpret Putin's speeches to try and guess whether they contain veiled threats directed at Finland, it means that there is still a bit of nervousness.


And then, Finland is once again caught between a rock and a hard place: on one side, the country obviously does not approve the intervention of Russia in the Crimea, but on the other, financial sanctions also affect Finland. Case in point: two oligarchs directly affected by the U.S. sanctions have recently acquired the first hockey club in Helsinki and one of its main stadiums, which is not reassuring for the future of these national "sporting jewels"..

2 comments:

  1. Salut Nath,

    Je ne connaissais vraiment cette partie de l'histoire. Merci d'en avoir parlé. Je comprends bien pourquoi la Finlande est aujourd'hui à cran.

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    1. De rien :) Il faudra un jour que je fasse un billet entier sur la guerre d'hiver, celle de 1939, parce que c'est une histoire passionnante.

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