Tuesday 20 January 2009

Le chaos universitaire

Alors lecteurs, ici je vous préviens: je vais me plaindre honteusement. D'habitude je préfère proposer des solutions plutôt que râler dans le vide, mais là, j'ai besoin de me défouler un tout petit peu et vous en faites les frais. Pourtant le coupable, c'est celui qui a eu l'idée d'organiser l'université d'Helsinki (en particulier, le département de finnois langue étrangère) sur le modèle du fouillis arbitraire. D'ailleurs mon premier souhait en ce moment ce serait de courir assassiner sauvagement tous les secrétaires du département en question, après leur avoir fait avaler leurs programmes incompréhensibles. Mais comme après réflexion ça me semble une idée dangereuse, il vaut mieux que je vienne me défouler ici.

Laissez-moi donc vous raconter depuis le début. En septembre 2007, j'arrive à Helsinki, pleine d'enthousiasme, avec l'espoir d'y entamer un doctorat et d'apprendre la langue du pays. Je suis admise à l'université à la mi-octobre à peu près, et immédiatement je m'informe sur les cours de langue. La coordinatrice des études supérieures m'informe que le finnois ne fait pas partie de mon programme mais que je peux en suivre les cours gratuitement, seulement il faut que j'attende janvier parce que la session d'automne a déjà commencé depuis un mois environ. Je suis un peu cassée dans mon élan, mais j'attends patiemment, en tentant un peu d'auto-apprentissage.

En janvier, je me précipite au centre de langues, j'explique ma situation et demande comment et où m'inscrire. Là on m'informe qu'en réalité, il n'y a pas de cours intéressant pour moi, parce que les cours pour débutants qui commencent à cette période ne voient que les bases des bases, avec très peu de grammaire mais surtout des phrase toutes faites, sous-entendu ils sont destinés à des étudiants d'échange pas motivés et qui n'iront pas plus loin. Le secrétaire fait tout ce qu'il peut pour me décourager de prendre ces cours-là et finalement me propose d'intégrer le cours dit "de continuation", qui est en réalité la suite du cours entamé en septembre. Là je râle un peu: si j'avais su, j'aurais accroché la locomotive dès octobre; et puis j'espérais quelque chose de plus intensif, plus d'heures par semaine pour réellement progresser rapidement. Mais bon, pas le choix, je m'inscris au cours de continuation.

Sauf qu'en réalité, il me manque pas mal de bases; je connais des trucs qu'ils ne connaissent pas et que j'ai étudiés par moi-même, mais il y a surtout beaucoup de règles et de vocabulaire supposés connus et que j'ignore. La prof m'en veut un peu de ralentir ainsi son cours, moi je rame de plus en plus à force d'être toujours un cran en retard, et en fin de compte j'abandonne. Visiblement il va falloir que je recommence dès le début en septembre, pour repartir sur de bonnes bases.

Donc en septembre je m'inscris au cours de base que l'on m'indique. Là, ça commence de façon un peu perturbante: le cours annoncé est trop plein, on nous redirige vers un autre groupe nouvellement créé et qui commence un peu plus tard. Mais après ce faux départ c'est bon, ça marche bien, je suis parfaitement au fur et à mesure (au début je m'ennuie même un peu puisque j'ai déjà étudié par moi-même une partie de la matière pour essayer de rattrapper le niveau du cours de continuation), je me fais un ami canadien aussi motivé que moi, on se soutient mutuellement, j'ai une très bonne note à l'examen et je suis enfin contente de moi. Je vais pouvoir recommencer le cours de continuation avec les bases qu'il me manquait et en profiter à fond. Je m'y inscris bien à temps, avec l'ami du cours précédent, et je suis impatiente de commencer.

Et donc, le premier cours, c'était aujourd'hui. Sauf que... il y a 69 étudiants inscrits, pour un seul cours, dans une classe qui ne compte que 40 sièges, et même à 40, la prof estime que c'est un groupe trop important pour que l'apprentissage soit efficace. Mais apparemment elle ne peut ni changer de classe pour un local plus grand, ni diviser le groupe en deux par manque de ressources. Et la plupart des étudiants doivent absolument suivre ce cours qui fait partie de leur programme.

On a donc passé les deux heures de cours à essayer de trouver des solutions, avec une prof qui faisait tout pour encourager les étudiants présents à quitter sa classe, une situation assez surréaliste. Finalement elle se rend compte qu'il y a des étudiants qui ne sont pas en échange (c'est à dire, qui sont inscrits à titre principal à l'université d'Helsinki, ce qui est mon cas, celui de mon ami et de cinq autres étudiants). Et elle nous informe qu'il y a un cours particulier qui nous est destiné, un cours semi-intensif avec six heures par semaine. Première nouvelle, on ne m'en a jamais parlé. Je propose d'aller voir au secrétariat quel est l'horaire de ce cours et s'il y reste des places disponibles. Là-bas on m'apprend qu'en réalité le cours semi-intensif reprend l'apprentissage depuis le début, mais il va plus loin en fin de compte que le cours de continuation; on me dit qu'il commence le 22 janvier; on me donne l'horaire, mais pour les places disponibles, il faut s'arranger avec la prof parce que les inscriptions sont déjà clôturées. Du coup, les sept étudiants concernés, plus quelques autres, nous allons attendre la prof du cours intensif à la fin d'un cours qu'elle donne à ce moment-là.

Là, la nouvelle prof nous apprend qu'il y a déjà 35 élèves inscrits, qu'elle n'a rien contre l'idée de nous accueillir également, mais qu'il faut voir avec les autres élèves si ça peut marcher et si on ne sera pas trop nombreux. Evidemment, dans notre groupe de "transfuges", il y a des élèves pour qui l'horaire du nouveau cours entre en conflit avec d'autres matières, comme c'est le cas de mon ami canadien. Mais la prof est accomodante, elle accepte de ne les recevoir que certains jours s'ils arrivent malgré tout à suivre le niveau. Et elle nous conseille de rester présents pour le premier cours qui, nous annonce-t-elle, n'est pas le 22 janvier (jeudi) mais aujourd'hui, et commence dans ce même local cinq minutes plus tard.

Donc je m'assieds, pour cinq minutes, en croisant les doigts pour qu'on ne soit pas trop nombreux. Et ça semble bien parti: il n'y a presque personne. J'entends d'autres élèves parler finnois, alors je m'interroge: est-ce bien le cours de finnois pour débutants ? Je demande à ma voisine, qui me dit que oui. Mais le cours commence cinq minutes plus tard, et c'est une autre prof qui est là, et qui ne parle que finnois. Là on se rend compte toutes les deux qu'on a dû se tromper. On sort dans le couloir, et qui on croise: la prof de finnois, qui vient de s'apercevoir qu'en réalité son cours ne commence que jeudi. Elle ne connaissait même pas son propre horaire...

Alors voilà où j'en suis: inscrite de toute bonne foi à un cours où il n'y a pas de place pour moi; non-inscrite au cours qui est celui qui me convient, et pour lequel je dois prier pour qu'il y reste de la place; condamnée à étudier pour la deuxième fois les mêmes bases du finnois que je connais déjà très bien; et prête à commencer le cours semi-intensif que j'aurais déjà dû entamer il y a un an, mais dont on m'a dit à l'époque qu'il n'existait pas. J'ai réellement envie d'aller dire ma façon de penser à ce secrétaire qui par deux fois m'a donné des informations erronées, qui encore aujourd'hui répondait à mes questions sur un ton maussade et en chattant sur internet en même temps (j'ai reconnu le son de msn), et qui au total m'a fait perdre une année complète d'apprentissage. Sans lui, sans cette organisation compliquée, sans ces programmes illisibles, sans ces méthodes d'enregistrement dépassées, peut-être que je baragouinerais déjà leur langue.

Et là, je vous épargne tout le reste de mes soucis: le programme doctoral qui ne nous permet pas de savoir par nous-mêmes quels cours prendre; les cours en question qui depuis trois semestres ne sont donnés qu'en finnois, alors que la plupart des étudiants en doctorat sont étrangers; un promoteur qui semble m'avoir effacée de sa vie et ne répond pas à mes mails; une inscription à recommencer (avec des frais supplémentaires) parce que personne ne m'a informée qu'il fallait se réinscrire chaque année même quand on est admis pour 4 ans... J'ai déjà fréquenté 4 universités avant celle-ci, et je n'ai jamais eu autant de problèmes. Avouez qu'il y a de quoi se plaindre, non ?

3 comments:

  1. ...les autres 4 universités n'etaient pas italiennes, vrai? :DDD résister...résister
    Ciaooooo!!

    ReplyDelete
  2. Je compatis à ton sort d'expatriée, et te souhaite bien du courage. L'isolement est pesant, faut pas s'effondrer, et garder toujours un peu d'enthousiasme sur toi. Pour la langue, tu as raison de t'accrocher, c'est une clé qui ouvre pas mal de serrures.

    ReplyDelete
  3. @Monica: non, en effet; c'est pire en Italie ? :)

    @Manuel: merci pour le soutien :)

    Depuis lors les choses se sont améliorées: j'ai entamé le cours semi-intensif, qui pour le moment est vraiment très simple, et j'ai pu aussi rester dans le cours de continuation, dont les 3/4 des élèves se sont évanouis dans la nature. Ca me fait donc 10h de finnois par semaine; si je continue comme ça, je risque de bien progresser ! Enfin !!!

    ReplyDelete