Monday 18 April 2011

Une histoire d'élections

Aujourd'hui avaient lieu les élections finlandaises pour le renouvellement du parlement. Je ne peux pas voter puisque je ne suis pas citoyenne finlandaise, mais comme c'est la première fois que j'ai l'occasion de vivre cette expérience dans ce pays, je m'y suis intéressée autant que me le permet ma très mauvaise connaissance de la langue.  

D'autant plus que cette année, les sondages avaient anticipé la remontée fulgurante du parti "Perussuomalaiset", littéralement les "Finlandais de base" (qu'ils ont préféré faire connaître à l'étranger sous le nom "les Vrais Finlandais", on se demande pourquoi).  Un parti populiste entraîné par une personnalité charismatique qui basait son programme sur le rejet de l'Europe, le refus des prêts accordés aux pays en difficulté tels que la Grèce, l'Irlande ou le Portugal, une politique d'immigration plus restrictive, etc.  Des idées aberrantes de mon point de vue mais qui touchaient les foules mal informées au moment où certaines décisions difficiles devaient être prises.

Ici, les élections se passent de façon assez différente de ce qui a lieu en Belgique.  D'abord, pas d'obligation de voter bien entendu (il n'y a que chez nous que ça se passe comme ça), mais la possibilité de voter en avance : des bureaux de votes étaient ouverts pendant deux semaines avant le jour des élections.  Ils sont moins nombreux que les bureaux de vote du jour J, ce qui signifie que le citoyen a plus de trajet à faire pour s'y rendre, mais il peut choisir de voter quand ça l'arrange le mieux sans avoir à se justifier.  Cette année, 30% environ de l'électorat a voté en avance. 

Ensuite, on ne vote pas pour un parti, on ne vote que pour un candidat.  Chaque candidat a un numéro et l'acte de voter en lui-même se résume à noter le numéro de son candidat favori sur un petit papier.  Au final, la différence n'est pas énorme : on compte le nombre de sièges pour chaque parti en fonction du nombre total de votes obtenus pour leurs candidats et les votes sont ensuite répartis au sein du parti.

Pour ces élections, on avait un arrangement, mon Ours et moi : nous avons des opinions politiques assez semblables mais moi je ne pouvais pas voter et lui avait la flemme de se trouver un candidat.  Nous avons donc décidé que je lui choisirais un candidat et qu'il porterait notre vote commun jusque dans les urnes.  Mon problème c'est que j'avais peu accès à l'information, étant donné mon faible niveau de finnois.  C'est comme ça que j'ai découvert une autre spécialité finlandaise : les "vaalikone", ou machines à élections (je préfère "machines à voter"). 

Ce sont en fait des sondages mis au point par les médias (chaînes de télé, journaux, etc) et disponibles en ligne.  Dans chaque cas, une série de questions sur les grands problèmes actuels a été posée à chaque candidat.  Le jeu consiste ensuite à répondre aux mêmes questions ; la "machine" compare les réponses et nous donne une liste des candidats les plus proches de nos idées.  On peut aussi généralement consulter leurs réponses accompagnées de leurs commentaires, et on peut se faire plaisir en jetant un oeil à la liste des candidats les plus éloignés de nos idées.

Je trouve cette initiative absolument géniale et j'ai fait le tour de quelques "machines" en ligne, avec l'aide de mon Ours pour la traduction.  Il y en a de toutes les sortes : celles auxquelles on peut répondre par "tout à fait d'accord - assez d'accord - assez pas d'accord - pas du tout d'accord", celles auxquelles on doit choisir entre un choix multiplesde possibilités, celles où l'on peut régler l'importance accordée à nos réponses, celles qui nous permettent de choisir un parti plutôt qu'un candidat, etc.  Elles sont aussi de qualité variable : parfois les questions sont mal posées ou inutiles (genre : "Je pense que la vie de famille est une bonne chose" - qui répondra "non" à ça ?).  La plus comique que j'aie croisée était "Si la Finlande créait un compte Facebook, qui seraient ses trois premiers amis ?" avec une liste de pays.

Mais dans l'ensemble elles ont l'air assez cohérentes puisque les trois que l'on ait fait ensemble avec mon Ours pour choisir son candidat ont donné plusieurs noms en commun.  C'est aussi une façon très facile d'explorer les programmes politiques des candidats et des formations, et un moyen exceptionnel de découvrir des candidats méconnus qui partagent nos idées. De quoi être un peu moins influencé par la bouille de vainqueurs photoshoppés qui envahissent les affiches (regardez-moi celui-là, on dirait un Sim's, non ?). 

A l'heure où je vous parle, les votes sont en cours de dépouillement mais une nette tendance se dégage : les "perussuomalaiset" on piqué des voix à tous les autres partis et sont remontés du fin fond du classement jusqu'à la troisième place, à quelques pourcents seulement des deux premiers. Une victoire qui va faire mal à la Finlande et à l'Europe, puisqu'ils parlent déjà de remettre en cause le prêt européen accordé au Portugal. Et un gouvernement qui sera difficile à former, mais pour ça j'ai confiance : ils ne battront pas la Belgique qui n'a plus de gouvernement fédéral depuis 308 jours.   

3 comments:

  1. Bonjour,

    Le 28 mai prochain je m'envolerai pour Helsinki avec mon partenaire et mon petit garçon de 3 mois. J'y vais pour le boulot et j'y resterais au minimum 3 et au maximum 4 ans. Je me reconnais assez dans ce que tu décris dans ton blog : lorsque je dis aux gens que je pars en Finlande, ils me regardent avec pitié, ils font la moue et j'ai droit presque systématiquement aux commentaires du genre : il fait super froid là-bas et il y a très peu de luminosité, les paysages sont monotones, il n'y a pas grand chose à faire à part se promener dans la nature, les finlandais sont des gens distants et froids et des alcoolos par dessus le marché. J'avoue que ça me déprime de plus en plus et que j'aurais bien besoin de l'expérience d'une expatriée pour me rassurer un peu (ou pas) et me dire que la vie là-bas n'est pas plus mauvaise qu'en Belgique, qu'il y a moyen de s'intégrer et de se faire des amis.
    Ce qui m'inquiète surtout c'est le froid hivernal et ce que l'on peut faire comme activités pendant cette période un peu déprimante, en particulier avec un enfant en bas âge.

    Au plaisir de te lire,

    Elisa

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  2. Bonjour Elisa,

    Désolée de répondre aussi tard, mais ta question est vaste et si tu n'as pas trouvé de réponse dans l'historique de ce blog, je te conseille d'aller visiter le forum "SalutFinlande" (le lien se trouve en haut et en bas de mon blog). Il s'agit de la communauté de francophones en Finlande. Tu peux y poser les questions que tu souhaites et y lire de très nombreux témoignages de Français qui vivent en Finlande, parfois depuis de longues années. Des activités y sont aussi organisées entre francophone, ce qui t'aidera à t'intégrer dans un premier temps, surtout si tu te trouves à Helsinki.

    Si ça peut te rassurer, tu arriveras au moment où la Finlande est la plus belle, ça te permettra de t'acclimater en douceur avant l'arrivée de l'hiver :) Et oui, il y a moyen de s'intégrer et d'être heureux ici, promis !

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  3. Bonjour,
    Merci pour cette note, qui a pour grand mérite de traduire correctement le nom du parti.
    En effet, bien que populiste et eurosceptique, ce parti n' a rien d'aussi extrémiste que sa mauvaise traduction francaise laisserait penser.

    A posteriori vos sombres peur s ne se sont pas réalisées non plus, la Finlande ayant un systeme parlementaire fonctionnel.

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