Sunday 14 November 2010

Fête des pères, 4ème édition

Décidément, la fête des pères, c'est un vrai souci pour moi. La fête des pères finlandaise, s'entend, celle où je suis invitée de force à fêter par ma présence silencieuse un père qui n'est pas le mien. Ca a été une véritable horreur la première fois, fort désagréable la seconde et supportable la troisième. Je peux donc espérer que les choses ne soient pas complètement insupportables cette fois-ci, vu qu'il semble y avoir une tendance vers l'amélioration, mais je continue à bloquer. 

J'ai un véritable problème avec la définition des relations avec les beaux-parents.  J'ai du mal à comprendre comment on peut considérer que les parents de mon petit ami font partie de ma famille. Je ne les ai pas choisis, il ne m'ont pas choisie, et pour moi la seule chose que l'on ait en commun est leur fils. Ca nous oblige les uns et les autres à être polis pour que Mr Ours n'ait pas à se retrouver dans des situations délicates entre nous, mais le reste est une question d'affinités : on peut devenir amis s'il s'avérait qu'on a des choses en commun, sans que ce soit nécessaire ou automatique.  Je les vois comme des voisins : le fait qu'on partage un pallier peut éventuellement faciliter des relations amicales mais on peut aussi se contenter de se dire bonjour quand on se croise.

Or là, il n'y a visiblement aucune affinité entre les parents Ours et moi. Le problème de la langue est toujours là, j'ai beau apprendre de plus en plus de grammaire et de vocabulaire, j'ai l'impression de les comprendre toujours aussi peu. Mais même sans cela, je n'ai vraiment rien en commun avec eux, et eux ne savent absolument rien de moi. Le père ne me parle pas, en trois ans il ne m'a jamais adressé la parole en-dehors d'un "bonjour" ou "au revoir" quand il ne pouvait pas faire autrement. La mère tente parfois de me parler mais c'est avant tout parce qu'il s'agit, de son propre aveu, d'une bavarde hyper-accueillante, au point d'en devenir vraiment pénible par moments. En-dehors de ça et autant que je puisse en juger, nous n'avons vraiment rien en commun, ni dans les goûts, ni dans le mode de vie, ni dans les idées.

Le bon côté des choses, c'est qu'ils ne sont pas enclins à nous envahir, je dois leur reconnaître ça.  Ils ne mettent pas les pieds chez nous, ne nous offrent des cadeaux que pour Noël, ne téléphonent pas tous les jours, ne demandent pas à connaître mes propres parents.  Ca me rassure quand je constate dans d'autres couples des relations assez fusionnelles entre les deux familles, je ne pourrais pas le supporter. Et puis ils sont gentils, ils aiment leur fils, je n'ai rien à leur reprocher.  Mais je n'ai pas franchement envie de les voir, et quand j'y suis obligée, je m'ennuie comme un rat mort.

C'est pourquoi je ne comprends toujours pas cette obligation de la fête des pères, et malgré de nombreuses discussions à propos de ça avec Mr Ours, je n'ai toujours aucune idée de la raison pour laquelle il m'oblige à aller passer quelques heures chez ses parents à cette occasion. C'est pas comme si on ne se voyait jamais : cette année, j'ai passé un grand nombre de week-ends à construire leur mökki.  C'est pas comme s'ils prenaient plaisir à me voir : quand j'y vais, je reste assise dans un coin à attendre que ça soit fini et personne ne me parle.  C'est pas comme si c'était une obligation sentimentale : ce n'est pas mon père, et la soeur de Mr Ours elle-même ne prend pas la peine de se déplacer ce jour-là. 

Mais Mr Ours pense, lui, que ce serait vraiment mal vu si je ne l'accompagnais pas, que ce serait très impoli, et même, que ses parents seraient tristes si je n'y allais pas. Ca me dépasse totalement. Je ne crois pas que ses parents puissent m'apprécier alors qu'ils ne savent vraiment rien de moi.  Je ne pense pas non plus qu'ils trouveraient ça vexant que je ne vienne pas quand ils ne se vexent pas de l'absence de leur propre fille.  La seule explication que je voie c'est qu'ils s'agit, pour eux et pour leur fils, d'une obligation sociale, d'une norme, qu'il faut que je sois présente lors des réunions familiales parce que je suis la petite amie de leur fils, et ce même si ça ne procure aucun plaisir à quiconque. Et ça, ça me met en colère.  Je n'aime pas les normes gratuites qui n'ont aucun intérêt sinon d'emmerder les gens.

Je ne veux pas faire partie de leur famille, je sais que c'est dur mais c'est une réalité que je ne peux pas nier.  Je ne les apprécie pas plus que des étrangers, ils n'ont jamais rien fait pour moi ni moi pour eux, et on ne se doit rien. J'ai une famille à moi avec qui les liens sont beaucoup plus forts que juste des liens de sang.  Je n'ai aucun besoin d'une autre famille dans laquelle je me sens de toutes façons pas du tout à ma place. Et ils n'ont absolument pas besoin de moi non plus. 

Tout ça pour dire que je m'en vais de ce pas rendre visite aux parents Ours pour la fête des pères, les pieds de plomb et un bon bouquin dans la main, pour la bonne raison que je ne veux pas mettre Mr Ours en colère, lui qui ne me demande pas grand-chose d'habitude. Et puis, aussi, parce qu'il s'agit d'une occasion récurrente pour mesurer l'évolution de ma relation avec eux, un espèce de baromètre annuel de ma non-intégration belle-familiale.  D'une année à l'autre, je laisse ainsi sur ce blog une trace de mes sentiments vis-à-vis de la famille Ours.  Peut-être que dans dix ans, je m'extasierai devant l'évolution de la situation...  Ou mieux, que je me féliciterai d'avoir enfin pu y échapper et d'avoir redéfini mes "obligations sociales" selon mes propres termes.  On peut rêver, bien sûr.

5 comments:

  1. Je pense que tu sais déjà que je compatis à ton malheur, mais je le répète, je compatis.
    Au final, on ne sait toujours pas si tu leur as appris à faire le café... alors ? ;)

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  2. Sorry about the English here but you know how atrocious my spelling is in French. Not sure how much this helps and this is coming from a totally different environment and based only on my experience with friends so far.

    What I did notice a lot though was that people don't take the social obligations to a level we're used to. If someone invites me to their house, they don't expect me to invite them over to mine. If someone does you a favor, they don't expect one in return. People do what they do because they
    want to, not because they feel that they have to. At the same time - this is something I've been told by many friends here, especially male friends and concerning relationships - when you talk to someone there's an expectation behind it.

    All this to say, that while their silence is infuriating, if they did consider you a burden, they wouldn't invite you there in the first place (see social obligations above). Since they seem to be very comfortable in their own silence, they might take yours as a sign of comfort, that you're adapting and fitting in (also based on what Mr. Bear told you after the first visit). And what if they accept you as part of the family so they don't have to hide their true feelings and can just be themselves, so if they're having a bad day, they don't have to put on a mask because you're part of the family.

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  3. @miss spooky muffin : alors... non. Ils ont une belle machine qui mout les grains et tout, je pense qu'ils le prendraient mal :)

    @Marforly : thanks for the comment, although I don't know if I should feel glad to "fit in" in their eyes. I suppose keeping silent, taking a book and minding my own business might be considered as feeling at ease with them. But then, how will they ever realize that I'm actually awfully bored ?

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  4. Peut-être aussi que Mr. Ours se méprend sur les souhaits de ses parents. Lui croit qu'ils seraient vexés que tu ne viennes pas, eux au contraire sont irrités que tu viennes à chaque fois, pensant que c'est toi qui insistes pour venir ! Haha, qui sait. Est-ce qu'ils discutent de ces choses-là entre eux au moins ? En plus, la fête des pères, c'est vraiment une fête niaise, purement commerciale et gentiment inutile; ce serait plus important que tu sois là pour Noël.

    Mais c'est amusant, ca me rappelle un peu les parents de mon ex. Eux étaient sympa, pas de problème, mais comme la communication n'était pas fort entre nous non plus, j'allais toujours là-bas avec un bouquin, que je lisais sur les marches de l'escalier intérieur. Le reste du temps je n'étais pas loin de l'état de ton rongeur décédé.

    Et puis la mère aussi était une pipelette, et ca agacait sa fille. Mais les mères ne sont-elles pas toutes comme ca passé un certain âge ? La mienne n'arrête pas de parler au téléphone. :D

    Au fait, comme tu l'appelles déjà ta belle-famille, ca veut dire que vous projetez de vous marier ?

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  5. @sanjuro : pour Noël, je suis chez mes parents, pas question de rater ça ! Ils ont fêté une fois Noël en avance (ils partaient en voyage), j'y étais et je me suis embêtée comme pas possible... Pour ce qui est du côté commercial, on ne fait pas nécessairement de cadeau, apparemment passer prendre un café et regarder la télé une heure ou deux est suffisant.

    Oui, il semble que les mères deviennent un peu pipelettes avec l'âge, mais la mienne a quand même des sujets de conversation plus intéressants que l'avancement du concours télé "Tanssia tähtien kanssa" (danser avec les stars)...

    Et non, pas de mariage en vue, mais je ne vois pas comment parler d'eux autrement ?

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